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Portraits soignés

   

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Jacques-François Piquet, Portraits soignés

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EAN 9782916597195 , février 2009

95 pages ; ill. ; 10,00 euros

Ils s’appellent Yan, Marie, Gil ou Hannah, ont chuté, se sont abîmés. Depuis lors, ils vivent en un lieu qui pourrait ne figurer sur aucune carte ni plan de ville, tant il est vrai que seuls ceux qui y séjournent ou y travaillent savent qu’il existe. Rien d’étonnant à cela, quand on sait que beaucoup d’entre nous non seulement réfutent l’idée de chute, mais en sourient, voire s’en moquent ouvertement, se targuant pour les uns d’avoir la tête suffisamment bien ancrée sur les épaules, pour les autres de toujours marcher sur un sol ferme et plat… Ils s’appellent Arthur, Violette ou Abdel : en soignant leurs portraits par l’écriture, j’ai voulu leur redonner couleur et dignité. JFP

 

ils en ont dit :

" De livre en livre, Jacques-François Piquet pose la question du lieu, non au sens géographique du terme mais davantage dans ce qu’il dénonce d’un mal de vivre, dans ce qu’il questionne et révèle de nous. Le lieu de Portraits soignés est paradoxalement introuvable ou du moins c’est tout comme. La maison psychiatrique où vivent Yan, Marie, Gil ou Hannah… ne figure sur aucune carte. Si les personnages marchent, c’est pour un voyage presque immobile ; le lieu est alors un « écart du monde » et cette dérive est symboliquement consignée par les noms d’étoiles lointaines donnés aux différents pavillons.
« Se vouloir sujet du monde c’est prendre le risque d’être en chaque lieu celui qui en porte le poids », écrivait Michel Séonnet en quatrième de couverture de
Que fait-on du monde ? Elégie pour quarante villes, ouvrage que J.-F. Piquet a publié précédemment chez Rhubarbe. A la question posée par le titre, n’y aurait-il pas une terrible et belle réponse contenue dans Portraits soignés ? « Si la parole m’était donnée, si j’osais la prendre, j’en aurais à dire sur l’excitation qui monte en chacun tel un désir sauvage et va croissant comme le grand jour approche […] enfin vivre se dit-on, enfin exister plus grand que soi », note le héros de Alger, l’une des quarante villes. Chaque portrait – semble-t-il - répond à sa façon par une parole prise à « l’écart », par une présence, des sensations retrouvées dans de fulgurants moments. Ainsi, bien que révoltés, incompris, violés, meurtris, Arthur espère trouver « là-bas la place qu’on lui refusait ici », Marie répète « à l’envi qu’elle avait trouvé sa voie, celle qui la mènerait à la vraie rencontre », Violette explique à une artiste-peintre « comment elle se voyait, comment elle se voulait […] un vert sombre emplit l’espace de la toile, le blanc d’une robe se détache, le noir des cheveux s’allonge, s’allonge ».
Elégie d’une quarante et unième ville, invisible aux yeux de beaucoup : « La cité Bardu héberge des individus de tous âges et de tous milieux qui ont en commun d’avoir un jour chuté. Son implantation sur un plateau n’est pas fortuite : le bleu du ciel y est plus présent, l’air plus vif […] il n’est pas rare d’en voir certains déambuler dans le grand parc en s’essayant à garder le nez au vent et le regard haut, comme pour retrouver les sensations perdues du temps d’avant. » Cette idée d’une chute, judicieusement développée par l’auteur - « Ils ont chuté, se sont abîmés »- n’est pas sans rappeler le mythe d’Icare et notamment dans l’acception qu’en fait René Char, cette « blessure rapprochée du soleil ».
Se pencher sur le monde est bien l’exercice périlleux auquel nous convie J.-F. Piquet avec un angle de vue à chaque fois différent. Le thème se trouve renouvelé dans chacun de ses livres avec une parfaite maîtrise de style et une grande acuité. Relisant ce qu’il écrivait dans sa préface à
Fenêtres : « Ouverture sur le monde, la fenêtre est également miroir qui retourne au regardant sa propre image dans l’attente ou l’observation », il est possible de se demander si le regardant n’est pas aussi le lecteur ainsi interpellé. D’autres que Yan, Gil ou Hannah,… ont eu besoin de faire un séjour dans l’univers psychiatrique et tous se sont empressés de l’oublier. Curieux, non ? « Un jour , dans le miroir d’un poudrier trouvé sur un trottoir, [Arthur ] découvrit un visage qu’il prit pour étranger avant de se reconnaître sous les traits du Chevalier de la Triste Figure » et lui comme Violette, Yan, Marie, ou quiconque trouvant dans la rue le miroir d’un poudrier … effectuent, entre les sept pavillons aux noms d’étoiles un parcours éminemment poétique comme le note J.-F. Piquet, un peu semblable à celui d’Orphée descendant aux Enfers et se retournant trop tôt, trop tard, se retournant, simplement… « Toujours ce souci du ciel, cette invitation à regarder plus haut que le sol dur, plus loin que les grillages et murs d’enceinte » (Chantal Danjou)

"...Jacques-François Piquet évite toute explication psychologisante car rien n’est plus inutile et dérisoire que la psychologie de bazar. Il dresse ses portraits avec tact en se servant de ce que le réel auquel il a été confronté lui a offert ; il met ainsi en lumière la fragilité humaine. La réussite est totale: un beau travail qui rappelle les pouvoirs de la littérature." (La Tribune de la région minière n°3322, Lucien Wasselin)

L'Yonne Magazine du 28 février 2009 (coup de coeur de la rédaction)

Encres vagabondes (Gilbert Desmée)

"La cité Bardu, c’est l’hôpital Barthélémy-Durand, hôpital psy. Les sept portraits que va peindre Jacques-François Piquet sont des pensionnaires de l’institution qui se sont abîmés dans les failles de leur être intérieur, un peu comme on se perdrait dans le revers de sa poche. Il s’intéresse à eux avec sa maîtrise de l’écriture et déjà cette bienveillance les rédime et les authentifie. On pourrait cependant risquer le reportage et l’écueil du documentaire. Chaque pavillon de la cité Bardu est appelé par le nom d’une étoile. Beltégeuse, Fomalhaut, Grenat… et chaque personne devient « à particule », avec cette noblesse magique du ciel où le souci mental prend la caution des nuages et la perspective de l’espace. Arthur, Hannah ou Gil se heurtent au mur du dedans ou franchissent le tunnel infini, leur pathologie autour du cou. L’auteur leur rend leur complète humanité, en mettant en pleine lumière des hommes et des femmes voués au silence et à l’ombre." (Décharge n°141, Jacmo)