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Oeil ventriloque

   

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oeil ventriloque, Vincent Wahl

Au moment où l’on reparle de «nourrir six (sept, huit) milliards d’hommes», tandis que les stages de gastronomie deviennent un cadeau tendance, si l’on prenait le temps de laisser résonner en soi les mots de la nourriture? Voici un livre pour lendemains de fête, un petit digestif aux parfums d’eau de vie blanche sourdie de l’alambic communal. Dans Oeil ventriloque, on trouvera des recettes et des menus; on entendra la langue savoureuse de Maître Jehan Chiquart, queux du Duc de Savoie, celle de Brillat-Savarin, d’Alphonse Allais et de quelques autres. Liant tout cela, la poésie d’un agronome, attentif à la complexité, à la diversité, aux enjeux de satiété, aux allers-retours entre regard, mémoire, goût et parole, soucieux de ne se priver d’aucune ressource, nutritive ou langagière. Parsemée de menus, recettes, bribes gastronomiques naïves ou savantes, de secrets de grands-mères et de mots d’enfants, la poésie de Vincent Wahl explore les frictions et fantasmes liés à la nourriture, lesquels constituent la part la plus authentique et la plus sensible de notre histoire intime.De la Russie à l’Angleterre, en passant par l’Alsace, la Lorraine ou la Californie, du moyen-âge à nos jours, du consommé d’écrevisses à la cardamome à la chuchotée de bons coins aux sphaignes, elle nous propose un étonnant parcours initiatique. L’enjeu ? Comprendre que l’oeil est dans le ventre, et la langue dans l’oeil.

ils en ont dit :

André-Pierre Syren, Papilles n°32

un composé improbable de recettes choisies dans le gratin des anciens maîtres queux, de souvenirs et de réflexions sous forme de prose poétique, de citations de Garouste ou de Bassani. Ou bien, au contraire, de ruminations de chefs, d’anecdotes d’auteurs, de recettes d’enfance... Bref, il ne s’agit pas d’une bouillie poétique à la pesante manière des escriteaux en bouts rimés, mais d’une pétillante invitation littéraire à considérer combien se répondent le regard et le goût.

Gertrude Millaire sur le site Francopolis (juin 2008) http://www.francopolis.net/revues/Wahl-juin08.html Jacques Morin, Décharge 138 (mai 2008)

Sous une couverture un peu kitch, un bon livre pour se mettre en appétit. Quoi peut faire le meilleur lien entre gastronomie et écriture ? si ce n’est en effet la langue. Vincent Wahl met à sa sauce la synesthésie qui consiste à mélanger les sensations, et à brouiller les sens. En premier lieu, le goût, pensera-t-on, or il restera à l’idée, à l’épreuve de la bouche, comme pour le vin, fortement secondé par l’odorat. Si n’importe quel fumet excite les papilles de celui qui a faim, n’importe quel mets excitera de même ses pupilles. Ainsi le regard est-il convoqué aussi bien à cette fête alimentaire. Le ventre qui crie famine est directement lié à l’œil, ses borborygmes éclatent comme les premières syllabes d’une parole barbare, mais l’habitude des repas va policer tout ce fruste discours. Vincent Wahl, né en Alsace, dans une région réputée, a eu durant son enfance des problèmes de vomissements compulsifs, ce refoulement des aliments vers l’oral. Il a tout sublimé et est devenu à la fois orfèvre dans l’écriture et artiste dans la nourriture. Il fait appel aussi à la peinture pour mieux aiguiser ses fringales, rappelle ses quêtes mycologiques en sous-bois automnaux et n’hésite pas à offrir ingérées dans son recueil recettes et savoureuses pages d’illustres devanciers comme Taillevent ou Brillat-Savarin, certainement un  peu toqués aussi. Un livre inclassable qui sied parfaitement aux éditions Rhubarbe.

Alain Helissen, le Mensuel littéraire et poétique & Poezibao (avril 2008)

Tu as les yeux plus gros que le ventre, me disait ma mère tandis que j’entassais dans mon assiette fortes louchées de hachis parmentier. Vincent Wahl, quant à lui, déclare que son estomac a été, durant sa jeunesse, l’otage de sa mère. Au point que tous les trois mois, il vomissait le matin pour observer une diète le reste de la journée. C’est par cette anecdote que commence son livre. Rassurez-vous, la suite est plus engageante. Un conseil, prenez soin de vous nourrir avant d’en entreprendre la lecture. Car ici, la langue ne quitte pas la cuisine et, à force de lire menus, recettes ou autres références gastronomiques, vous risqueriez de vous mettre en appétit.  (lire la suite)

Alain Jean-André, La Luxiotte.net

On lit ce recueil poétique comme une fantaisie. Une fantaisie, c’est-à-dire une œuvre d’imagination qui se joue des règles formelles et s’accorde beaucoup de libertés. Ici, les poèmes se mêlent aux recettes, aux saynètes, aux citations savoureuses, comme dans un collage surréaliste. Mais on y livre aussi des souvenirs d’enfance ou d’âges plus avancés, avec un humour certain et un « esprit d’escalier ou plutôt / d’arrière cuisine / de marmiton assoupi dans la hotte (…) » (lire la suite)