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Lettre de Canfranc

   

 

 
Lettre de Canfranc, Michel Baglin

illustrations de Jean-Marie,Tremblay à partir de photographies de Serge Sautereau

Poésie ? Nouvelle ? Essai ? Chronique ? Comme les précédents titres de rhubarbe, peut-être avec plus d'acuité, même, cette Lettre de Canfranc est décidément inclassable. Pourquoi faudrait-il la classer ? L'entre-deux, entre combien au juste ?, n'est pas pour rien dans le charme qui naît à la lecture de ce texte ferroviaire. Il y a de la mélancolie, de la nostalgie, du souvenir plein les yeux mais aussi du concret, de l'information historique, technique et économique à propos d'une gare parmi les plus étonnantes. Il y a de la rêverie et de la parole, c'est une lettre, on ne l'oublie pas, qu'un auteur adresse à une lectrice. Et cet auteur est lui-même tout à la fois poète (une dizaine de recueils publiés), romancier, nouvelliste, essayiste et... journaliste. Impossible donc, c'est un comble !, de rendre compte en quelques mots de ces pages foisonnantes. Peut-être, après tout, en en revenant au voyage, à l'exploration, à la curiosité, à l'éveil... C'est encore trop. Un seul mot suffira : l'amour. L'auteur est amoureux du réel. Jusque dans son effilochement. Qui ne le suivrait sur cette voie ?   

2-9523675-4-x ; 6,50 € (épuisé)

 

ils en ont dit :

l'arbre à paroles (automne 2007)

C'est en qualité de journaliste que Michel Baglin évoque Canfranc et sa gare fantôme. Il pose les rails, décrit les voies, emprunte les quais, s'accoude aux guichets déserts, rédige une lettre à l'une de ses admiratrices et la lui adresse par le truchement de ce livre bref afin de témoigner de la précarité des agissements humains et de leurs conséquences. Mais c'est aussi, de page en page, en qualité de poète et d'homme sensible qu'il s'exprime ici. Canfranc résulte d'un projet qui, en 1855, devait relier la France à l'Espagne par le chemin de fer. D'où la conception de cet immense passage obligé. Les difficultés, cependant, se firent jour dès la conception de la ligne: «Il fallut lancer des viaducs et des ponts, percer dix-neuf tunnels côté espagnol, quinze côté français, sans compter le principal», précise Baglin, «le tunnel du Somport, qui débouche à l'entrée même de la gare de Canfranc». Il résulte de tout cela une gare immense fréquentée par de rares passagers, vaste coquille vide que seuls visitent quelques touristes et quelques rêveurs. Dans cette grande cathédrale triste qui évoque le bagne de Cayenne déserté, les Prisons du Piranèse et les villages fantômes des chercheurs d'or américains, Michel Baglin a trouvé matière à une inspiration où la tristesse rejoint quelque part les rêves de l'inutile. Donc aussi ceux de la poésie.

Jean Chatard

...Il y a un abime entre le réel qu'explore le journaliste et les souvenirs. C'est dans cette faille que s'installe Baglin pour écrire... Lucien Wasselin, La Tribune de la Région Minière 15 novembre 2006

La Lettre de Canfranc rayonne de la "merveille et de la précarité d'être un humain"  dans la fraternelle "faim du monde". De ces lignes, "(notre) vie s'augmente, (nos) peurs s'apprivoisent".Gilles Sicard, Poésie 1 (Cherche midi ed.), septembre 2006

Canfranc, c'est une gare, une immense gare, à la frontière franco-espagnole, là où les rails n'ont pas le même écartement, laissée à l'abandon depuis 1970. Le Michel Baglin, journaliste à la Dépêche du Midi, en atteste dans son reportage. Mais le Michel Baglin, nouvelliste, romancier et poète, n'en reste pas là. Quel plus beau paradoxe pour un écrivain que cette zone ferroviaire en déréliction, entièrement vouée au voyage, au passage, à l'activité transfrontalière, soudain figée sur place, tombant en ruines, engluée dans un immobilisme inquiétant. L'imagination enrubanne ces hangars détériorés, ces quais délabrés, ces bâtiments en friche, à travers une manière d'échange épistolaire avec un personnage témoin. Canfranc, c'est l'épiphénomène d'une vie arrêtée net, verre éclaté, qu'on parcourt dans tous les sens sans percevoir le moindre souffle. Une matérialisation majuscule d'une après-vie d'autant plus incroyable qu'elle existe bien et grandeur nature. Jacmo, Décharge n°129

De Canfranc en Espagne où son journal l’a envoyé en reportage, le narrateur, qui est aussi écrivain, profite d’un moment de répit pour répondre au courrier de l’une de ses lectrices, amoureuse comme lui de l’univers ferroviaire. La gare de Canfranc constitue le décor privilégié de ce récit entrecoupé des fragments constitutifs d'une longue lettre à Lise B. Une gare immense et cependant quasi désaffectée - trois trains quotidiens lui assure encore un semblant de trafic - n'ayant pas tenu le rôle escompté de station phare d'une liaison ferroviaire entre la France et l'Espagne, liaison suspendue depuis 35 ans. Malgré son air d'aban­don, ce paysage en friche attise la curiosité du narrateur pas avare d'i­magination. Que l'or nazi ait transité par cette gare - c'est l'objet de sa mission ici - ne l'intéresse que « professionnellement. » Qui, du poète ou du journaliste, approchera la réalité au plus près ? Affublé des deux casquettes, Michel Baglin penche plutôt pour l'expression poétique, plus apte selon lui à transmettre l'intimité d'un lieu, comme ici l'insai­sissable de terrains vagues porteurs d'histoires innombrables parties se poursuivre sous d'autres latitudes, quand le poète débarqué là en in­vente, avec l'aide du journaliste, des réminiscences troublantes de vérité. La Lettre de Canfranc est le cinquième ouvrage des jeunes éditions Rhubarbe qui, sous la direction d'Alain Kewes, se proposent de publier des textes courts, « sauvages et inclassables », repoussant de plus belle à chaque nouvelle coupe, comme la rhubarbe. Une adresse à retenir.

Alain Helissen, Diérèse n°32